Regard vers l’arrière

Vient un âge où l’on trouve davantage d’intérêt à faire retour sur son passé qu’à se projeter vers l’avenir. J’y suis entré depuis quelque temps. L’avenir, on ne sait jamais ce qu’il vous réserve, certes, mais je crois que je le connais. J’ai vu vieillir mes parents, et je sais que je suis engagé, sauf accident, sur la même descente en pente douce qui s’accélérera vers la fin. Les gestes deviennent moins sûrs, la mémoire également, les douleurs s’installent. La probabilité d’une bonne surprise est quasi nulle. Je sais où je vais.

Mais sais-je d’où je viens ? Le passé est rempli de mystères. Qui étaient mes ancêtres ? Comment vivaient-ils ? Qu’ont-ils fait et pensé ? Par quel enchaînement de rencontres et de hasards suis-je venu au monde ? Et mon parcours dans l’existence, quel fut-il ? Que vaut-il ? Qu’est-ce qui a fait que j’ai suivi telle voie, et pas telle autre ? Autant d’énigmes que je ne résoudrai pas, mais qu’il devient tentant de cerner de plus près.

Ce regard vers l’arrière, c’est sans doute la solution que l’esprit propose pour détourner l’attention de ce qui nous attend. C’est en même temps une manière de se rassurer sur le fait que l’existence qu’on a vécue n’aura pas été totalement insignifiante. On peut bien sûr trouver quelque réconfort à s’en persuader, mais je crois pour ma part, avec Omar Khayyam, que « demain, lorsque nous quitterons ce caravansérail, nous serons pareils aux morts d’il y a sept mille ans ».

 

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annick c

Certes, mais il y a encore de belles choses à vivre ne serait ce que voir s’épanouir ses enfants et tant de ces bonheurs simples, que d’ailleurs tu distilles au fil des jours dans ton blog, et que, moins occupés, nous avons l’occasion de savourer.

NICOLE GIRY

Certes ! mais je ressens exactement la même chose en vieillissant !