Ce n’était pas dit sur le ton d’une mauvaise plaisanterie grivoise. Maman n’avait jamais été vulgaire. Mais elle n’avait plus sa tête, plus de retenue, et s’était adressée à la jeune femme méchamment, avec le désir inconscient de la blesser.
— Tu as des enfants ?
— Oui.
— Vraiment ? Tu les as faits avec tes trous à toi ?
Pourquoi faut-il qu’il y ait des paroles qui restent ? Pourquoi quelques mots entendus un jour continuent-ils de flotter à la surface de la conscience au lieu de sombrer comme tous les autres dans l’oubli ? Et pourquoi viennent-ils rayer l’image qu’on voudrait intacte et exemplaire de personnes chères à notre cœur ?
La maladie excuse beaucoup…