Comment être à la fois pudique et indécent ? Dolce & Gabbana, suivi par quelques autres stylistes et couturiers, répond à la question en nous servant cette saison une mode dite « pudique », dans laquelle le vêtement doit soustraire à la vue tout ce qui est au dessus du genou et du coude, et où bien sûr la tête est voilée.
Pudeur, donc. Comprenons qu’a contrario, les femmes qui ne sont pas habillées ainsi seront désormais impudiques, et tirons un trait sur un siècle de combat des femmes pour leur libération. Quelle est la motivation principale de ces prétendus « créateurs » ? La morale ? Le respect des femmes musulmanes ? Le souci de fondre leurs habits dans le grand vestiaire occidental, d’abolir les frontières visuelles de la discrimination ?
Non. C’est le fric. Le capitalisme a toujours eu le don de recycler les tendances émergentes ou “borderline” de la société pour faire de l’argent avec. Il y a quelques années, les mêmes, exactement les mêmes (voir ici), jouaient avec la confusion des sexes, ou le porno soi-disant chic, ou la violence soi-disant soft. Voilà où est l’indécence.
C’est avec cet historique à l’esprit qu’il faut entendre les beaux discours d’éthique envers les femmes et de considération envers les minorités tenus par les intellectuels de ces marques pour justifier la mode « pudique ». On rit, ou on vomit ?
(Plantu a très bien saisi cette mécanique de récupération qui est à l’oeuvre dans la mode. Cf ci-dessous.)
“les capitalistes nous vendront les cordes qui nous serviront à les pendre” (Lénine)
Lire à ce sujet l’excellent article d’Elisabeth Badinter dans “Le Monde”
Soumission…