Pensées de cigale

Vivre de son chant, c’est vivre de la générosité d’autrui. C’est faire confiance à l’autre, à la providence, à son étoile. C’est s’abandonner au présent. Ne pas se soucier du lendemain, ne pas thésauriser. Etre libre, léger, vulnérable.
« Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. » Matthieu 6:26
J’ajouterai : ils chantent.
Ceux qui aiment donneront.

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L’industrie musicale cherche à transformer le chant en travail. Elle veut lui donner une valeur marchande et l’inscrire dans un circuit commercial. Ce faisant, elle le dénature, elle le pervertit. Le chant a quelque chose de libre et de gratuit. Il relève de la charité ou du mécénat.

Bien sûr qu’un artiste travaille. Bien sûr qu’il cultive son talent. Bien sûr que cela demande du temps, de l’effort, du courage. Mais c’est une erreur de confondre cela avec un labeur ordinaire. Chanter est un don que l’on fait au monde et à soi-même. Ce don, peut-être, appelle un contre-don. Au fond, la vraie manière de chanter serait celle des chanteurs des rues : on se produit quelque part et on passe le chapeau. « A vot’ bon cœur messieurs-dames ! » A votre bon cœur… S’il s’agissait, en fin de compte, de réveiller la bonté que celui qui écoute a en soi ?

Qu’on y parvienne, et l’on reçoit une pièce. Sinon, la fourmi vous envoie danser.