Pas de deux des frelons

Il était seul, d’abord, de l’autre côté de la vitre, et j’en ai profité pour l’observer, vu de dessous pour ainsi dire. Je l’ai trouvé beau, mystérieux, élégant. Tout en finesse et en robustesse. La tête, les antennes, la taille, les pattes. Tout en étrangeté vaguement hostile. Grossis, les insectes forment l’image de parfaits aliens.

Puis un second frelon s’est posé à côté de lui. — Deux, c’est beaucoup, me dis-je, je vais les tuer. Mais ils se sont approchés l’un de l’autre, se sont touchés, dans une sorte de parade où j’ai vu de la tendresse, ou peut-être juste de l’amitié, comme deux chiens qui jouent. J’ai pris une photo presque abstraite de leur pas de deux. Et comme ils ne me menaçaient aucunement, je leur ai laissé la vie sauve.

Il se peut que d’approximatives considérations écologiques aient influencé ma décision. C’étaient des frelons européens, donc indigènes. J’ai pensé qu’ils avaient leur place dans l’écosystème local et que je n’avais pas à m’en mêler. S’ils avaient été asiatiques, je me serais déchaussé, pris mon espadrille à la main, et ils auraient péri sous ma semelle.

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Sérignat

Voilà ce qui s’appelle pratiquer une certaine forme de racisme…