Ma trisaïeule vue par ma grand-mère

La rédaction est datée du 29 novembre 1909. La petite fille qui en est l’auteur a huit ans et demi. Elle deviendra ma grand-mère, mais en attendant sa maîtresse lui a demandé d’évoquer la sienne. Nul doute que mes amis qui sont « sur leurs soixante-dix ans » ou qui en approchent apprécieront ce portrait d’une personne du même âge que le leur au début du siècle dernier.

« Grand-mère est vieille ; elle a un grand âge, je pense qu’elle est sur ses soixante-dix ans. Son corps est courbé, il tremble, et il ne peut plus rester droit ; sa tête tremble et comme son corps penche un peu vers l’avant. Quand elle veut parler elle hésite. Ses lèvres sont retournées, elle n’a plus de dents et c’est pour cela qu’elle parle si difficilement. Ses yeux n’y voient plus beaucoup ; son front ridé ne ressemble pas du tout à celui de sa jeunesse ; ses joues sont ridées aussi. Au-dessus de son front ses cheveux blancs comme de la neige sont recouverts d’un mouchoir noir. Ses mains sont ridées et maigres ; pour y avoir chaud elle garde des mitaines. Ses vêtements ne sont pas de couleur claire, ils sont très foncés ; d’ailleurs la plupart des grands-mères sont habillées de noir (…)
Le matin elle dort un peu tard. Quand elle descend, elle déjeune et quelquefois s’occupe du ménage. Les grands-mères sont vieilles mais il ne faut pas penser que nous ne le deviendrons pas : elles ont été enfants comme nous. »

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Bertrand de Foucauld

Soixante-dix ans n’est pas le même âge au début du XXe siècle et celui du XXIe siècle. Sur le plan médical, une “éternité” les séparent.
Par contre, le récit de la jeune fille, malgré le thème de la vieillesse, a gardé toute sa fraîcheur.