Le sermon sur la mort

En écoutant l’autre jour le sermon sur la mort de Bossuet, j’avais été frappé par ce passage : « Il n’y aura plus sur la terre aucuns vestiges de ce que nous sommes : la chair changera de nature ; le corps prendra un autre nom ; même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps : il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue ».

Et pourquoi cette disparition radicale ? Parce que « la nature (…) ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu’elle nous prête, qui ne doit pas demeurer dans les mêmes mains, et qui doit être éternellement dans le commerce : elle en a besoin pour d’autres formes, elle la redemande pour d’autres ouvrages. »

Voilà parfaitement exprimée la loi du recyclage universel. Mais si l’on considère que tout nous appelle à la mort, comment concevoir que chacun a droit à la vie éternelle ? Bossuet invoque la lumière céleste qui sort des âmes. Il soutient que l’homme vaut mieux que la nature car il est fait aussi à l’image de Dieu. Il tâche de raisonner, il prétend démontrer ce que l’Eglise enseigne, mais ses arguments sonnent artificiels et je ne le trouve pas convainquant. L’intelligence, la raison, ne prouveront jamais rien en matière de métaphysique, ni l’existence de Dieu, ni celle d’une vie après la mort. A la vérité, si elles tendent à quelque chose, c’est plutôt à prouver l’inverse.

Face à cette fondamentale contradiction, je préfère ceux qui en assument le mystère, plutôt que de la nier en se contorsionnant l’esprit. Le dernier mot (si dernier mot il y a) semble appartenir là encore à Tertullien : « le fils de Dieu est mort : je le crois, parce que cela révolte ma raison ; le Christ est ressuscité : c’est certain, parce que c’est impossible. »

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Bruno SERIGNAT

Toujours cette angoisse de mort qui nous force à croire contre toute vraisemblance que quelque chose de nous subsistera après notre disparition : l'”âme”, par exemple.