Le merveilleux du présent

Mon article d’hier constitue une nième variation sur le fait de vivre au présent. J’y répète, après bien d’autres, une vérité d’évidence énoncée par d’illustres auteurs depuis l’Antiquité. Par exemple Marc-Aurèle qui, dans ses Pensées pour moi-même, écrit : « Souviens-toi toujours que le seul temps qu’on vive est uniquement le présent, c’est-à-dire un instant imperceptible ; et que, pour les autres parties de la durée, ou bien on les a vécues, ou bien on ne sait jamais si l’on doit les vivre ».

Mais n’est-il pas extraordinaire qu’un propos finalement aussi banal aille toujours à l’encontre de la façon dont la plupart des humains conçoivent et mènent leur existence ? Nous baignons dans une idéologie du devenir, de la transformation, de l’agir. Agir sur le monde, agir sur nous-mêmes, travailler à un avenir meilleur. C’est la grandeur de notre espèce, c’est aussi sa malédiction. Le merveilleux du présent nous échappe. Quand nous en prenons conscience, il est devenu du passé, il s’est métabolisé en nostalgie.

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