Le livre et le bouclier

Quand les mamans spartiates disaient au revoir à leurs fils, elles ne leur chantaient pas comme Léo Ferré « ne rentre pas trop tard surtout ne prend pas froid ». Elles leur remettaient leur bouclier en disant : « Soit avec lui soit sur lui », ce qui voulait dire « Soit tu es vainqueur et tu reviens avec le bouclier, soit tu te bats jusqu’à la mort et tu reviens dessus ». C’était en gros l’équivalent de la devise du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes : « Vaincre ou mourir ».

Ma mère à moi penchait plutôt du côté d’Athènes. Au bouclier, elle préférait le livre et les œuvres de l’esprit. Elle était de l’avis de Périclès qui, ai-je lu, « offrait des places de théâtre à ceux qui n’en avaient pas les moyens » car il estimait que le plus grand danger qui menaçait la cité était les citoyens « qui n’avaient pas de culture ». Ma mère vivait en compagnie des livres. Elle m’a donné le goût des mots, pas du tout celui des armes.

Ayant eu la chance de vivre dans un pays en paix, je ne l’ai jamais regretté.

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