L’art de commander

Savoir commander avec autant de politesse que de fermeté est un art qui s’est perdu. Autrefois on persuadait au sens étymologique du terme, c’est-à-dire que si, sur le fond, l’ordre était des plus impératifs, sur la forme on conseillait fortement. Aujourd’hui on décrète, on menace, on admoneste, on invective. Cela va de pair avec l’affaiblissement de l’autorité.

Voyez comme François de Sourdis, lieutenant général des armées de Louis XIV, s’adressait en 1695 aux seigneurs d’Aquitaine :

« Je connais votre zèle », « vous aurez pour agréable », « je vous exhorte de n’y pas manquer »… En même temps, on goûtera l’ironie qui faisait qu’à l’époque celui qui donne les ordres se présentait comme le très obéissant serviteur de celui qui les reçoit.

 

J’ai reçu, Monsieur, les ordres de Sa Majesté pour convoquer le ban et l’arrière-ban de la province. Et comme je connais votre zèle pour son service, vous aurez pour agréable de vous tenir prêt de marcher et de vous rendre en état convenable le dernier jour du mois de mai prochain à Bazas.
Je vous exhorte de n’y pas manquer, parce que l’on procédera à l’encontre des défaillants suivant la vigueur des règlements. À quoi ne doutant pas que vous ne fassiez attention, je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
annick c

Elève à L’Institut Notre Dame des Champs, rue du Montparnasse , je me souviens avoir été “invitée à la messe obligatoire du vendredi tant à 8h” à la fin des années 50…