Lâcher l’âme

— T’as pas lâché l’âme ?
— Non.

Je ne voyais pas qui m’avait posé la question. Je me trouvais dans un vestibule sombre et humide, une sorte de souterrain. La voix résonnait sous les voûtes.
— T’as pas lâché l’âme ? reprit-elle.
— Non, répondis-je à nouveau.

Ça sonnait clairement comme un reproche. Lâcher mon âme… alors que je ne savais même pas si j’en avais une, ni a fortiori comment m’en débarrasser. Ou était-ce « arme » qu’il fallait entendre ? Mais je n’étais pas armé.
— Tu as tort de vouloir la garder, poursuivit la voix. Ça va te valoir des ennuis. Dans ton état, elle doit partir ! Tu dois la laisser partir.

« On me parle comme à un mort », me suis-je dit. Comme à un mort qui n’est pas tout-à-fait mort, parce qu’il ne sait pas dissocier son âme de son corps, ou qu’il refuse de le faire. Il y avait de la mousse sur les parois, de petites stalactites pendaient du plafond. La voix s’est tue. Puis j’ai vu que tout ce qui m’entourait s’obscurcissait peu à peu, et je me suis préparé à passer un long moment dans le noir.

C’est tout ce dont je me souviens de ce rêve.

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