La France de Louis XIV et la Grèce de Tsipras

Quelquefois, par pure coïncidence, on trouve au détour d’une lecture une page qui fait étrangement écho à l’actualité. Difficile de ne pas penser à la situation de la Grèce de 2015 dans cette description que le duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires, fait de la France de 1709 :

« On ne cessait de s’étonner de ce que pouvait devenir tout l’argent du royaume, personne ne pouvait plus payer parce que personne ne l’était soi-même ; les gens de la campagne, à bout d’exactions et de non valeur, étaient devenus insolvables ; le commerce tari ne donnait plus rien, la bonne foi et la confiance étant abolies (…) Le roi ne payait plus même ses troupes, sans qu’on pût imaginer ce que devenaient tant de millions qui entraient dans ses coffres ».

Comment se termine l’histoire ? Par un « miracle », dit Saint-Simon, qui « tira la France des mains de toute l’Europe résolue et prête à la faire périr ». Hélas pour M. Tsipras et la Grèce, Saint-Simon n’explique pas en quoi consista ledit miracle, sauf que, sans surprise, son effet pour les petites gens fut tout sauf miraculeux : « la refonte de la monnaie et son rehaussement d’un tiers plus que sa valeur intrinsèque* apporta du profit au roi, mais une ruine aux particuliers et un désordre dans le commerce qui acheva de l’anéantir ».

* en clair : une banqueroute partielle de l’état, qui fait défaut sur le tiers de sa dette

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© Chapatte

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