Histoires d’un bruit

(Je raconte ici un incident qui montre que le cerveau va vite à imaginer toute une histoire autour d’un bruit qu’il a perçu. Je rassure mes lecteurs : le fait est antérieur au 5 octobre, jour du bilan très encourageant du traitement de Claudine. Pas d’inquiétude donc.)

Nous habitons dans un appartement avec mezzanine, et notre « espace-nuit » se trouve à l’étage. Quand elle ne dort pas, Claudine va s’allonger dans une petite chambre qui jouxte la nôtre, pour y lire ou écrire sans me déranger. Elle est en ce moment sous morphine, qui est connue pour provoquer parfois de courtes absences. Si bien qu’en regagnant notre lit l’autre nuit, dans l’obscurité, elle a confondu le seuil de la chambre avec l’escalier (raide). Chute, cri, grand bruit, plaintes.

Au même moment…

J’étais seul dans une chambre sans fenêtres, au milieu d’un grand lit. Il n’y avait pas de lumière, hormis celle qui éclairait une sorte d’oeuvre d’art métallique accrochée au mur situé sur ma gauche. Un peu plus loin, une porte donnait sur un couloir que je ne voyais pas. Patientaient là plusieurs personnes qui participaient à un concours, dont l’une des épreuves consistait à décrocher ma sculpture aux reflets de bronze. Chacune à leur tour elles entraient dans ma chambre, empoignaient l’objet de métal, et essayaient de l’enlever du mur. Personne n’y parvenait.
Arrive une candidate qui m’annonce que si elle peut mettre simultanément ses deux pieds sur le mur, elle fera faire à la pièce une rotation autour d’un axe horizontal, en sorte que le mur deviendra le plancher, et qu’elle pourra alors plus facilement se saisir de l’objet. Avant que j’aie pu l’en dissuader, elle joint le geste à la parole. Chute, cri, grand bruit, plaintes.

Je me réveille en sursaut, Claudine venait de tomber.
(Quelques contusions, et un peu plus de peur que de mal.)

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