Quand j’avais dix-huit ans, il y avait quatre ou cinq chanteurs dont j’écoutais le disque en boucle : Leonard Cohen (Songs of Leonard Cohen), Cat Stevens (Tea for the tillerman), Neil Young (Harvest), Graeme Allwright (Joue joue joue). L’un des plus beaux cadeaux que m’ait apportés ma vie de chanteur fut de partager l’affiche un soir avec l’un d’eux. Jamais je n’aurais cru cela possible. Mais Stéphane Hirschi dirigeait un festival où, si, ce genre de miracle était possible. Arbon rencontra Graeme Allwright, au Quesnoy, dans le Nord. C’était un endroit auquel il était très attaché (Allwright père était venu dans le secteur en soldat, avec les troupes néo-zélandaises, en 1918), et où il avait même sa rue : celle où se trouve le théâtre où nous donnions nos concerts.
En vérité, la rencontre fut décevante. Il était fatigué, nous ne nous sommes presque rien dit. Il n’empêche : j’ai longtemps gardé, plié dans mon portefeuille en guise de porte-bonheur, un billet de la soirée où nos deux noms étaient imprimés côte à côte.
Un chanteur qui meurt, quand ses chansons ont pénétré profondément votre vie, il ne meurt pas vraiment. Il y a quelques semaines, j’ai constaté que l’encre du billet s’était effacée. J’ai jeté le papier. Pas le souvenir.
Très joli témoignage, ARBON ! Vousnsavez, un Artiste n’est pas plus qu’un homme ‘comme les autres’ et ne regrettez pas ne pas avoir pu lui dire ce vous vouliez lui dire. Les tournées (surtout) fatiguent beaucoup les Artistes Chanson : c’est un métier très difficile de changer de ville tous les 2 jours, en rencontrant des milliers de personnes ! Rest In Peace, Mister GRAEME ALLWRIGHT : j’aimerais pouvoir aller jusqu’à 93 ans (de douceur) comme vous… Amitiés musicales, Martine (www.lamarzina.com).