Deux coeurs inégaux

Encore une histoire de troubadour. Celui-là s’appelle Gui d’Ussel. Il fait à une noble dame une cour assidue en lui composant des chansons. Elle se laisse séduire et finit par lui dire : — Je vous aime. Vous pouvez m’avoir, soit pour maîtresse, soit pour femme. Dites vous-même à quel titre vous me voulez prendre.

dame et troubadour

Grave question, sur laquelle Gui consulte son cousin. — Elle est riche, elle est belle : épouse-la, conseille le cousin. Mais Gui réalise qu’il n’a pas de goût pour la position de mari. Il veut être l’amant, l’éternel fiancé. Il le chante à sa belle, et lui écrit, avant Brassens, sa Non-demande en mariage. Mais elle comprend qu’il refuse de lui aliéner sa liberté, et le congédie, dépitée, déclarant qu’elle ne fera pas « son amant d’un homme qui ne fût pas chevalier ».

Gui d’Ussel tombe de haut. Il cesse de chanter. Il n’écrira plus qu’une tenson, avec son amie Marie de Ventadour, dans laquelle il laisse percer son aigreur : « Car on sait bien qu’il est honteux / Pour une dame de prétendre / Que celui n’est pas son égal / Avec qui de deux coeurs fit un ».

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