Cinq ans

Il y aura cinq ans demain que Papa est mort. (Et cent ans aujourd’hui que Brassens est né).

Qu’est-ce que ça me fait, au fond, ces anniversaires ? Je n’en ai pas besoin pour penser aux chers disparus. C’est juste un rituel chronologique, un chiffre nouveau qui s’affiche au compteur, un tour de manège céleste de plus.

Parfois je vois la course circulaire de la Terre autour du soleil comme un jeu cruel, nous sommes accrochés au sol, nous résistons à la force centrifuge grâce à notre capital santé et à une part de chance, mais chaque année une soixantaine de millions d’entre nous sont éjectés du vaisseau, et s’enfoncent sans retour dans le noir sidéral.

À quelle vitesse s’éloignent les âmes ? Nul ne sait. Mais l’anniversaire d’un décès est le jour où l’on repasse astronomiquement à l’endroit où le défunt a disparu. Le ciel présente le même alignement d’étoiles. Alors on lève la tête, on contemple l’espace vide, on va même jusqu’à scruter mentalement un espace au-delà de l’espace, en songeant : c’est par là, peut-être, qu’il ou elle est partie.

Puis montent les souvenirs.

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Bruno Sérignat

Et si, invention purement religieuse, l’âme n’existait que dans l’imaginaire de l’Homme ?