Les nouveaux carnets
Faune inconnue
Nous marchions sur un sentier étroit qui se perdait sous les fougères. Chacun de nos pas venait troubler l’activité d’une faune étrange. Une limande de terre sortait d’une flaque en rampant sur le sol, et tenait dans sa gueule une minuscule pieuvre mauve. Un lézard à carapace s’abritait sous une feuille rouge. Des poissons-vers roses
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Gare d’Orthez
Un toit rouillé, un réverbère, un fil électrique. Des lignes immobiles tirées sur un ciel laiteux. Un silence vaguement figé, un calme qui s’éternise. Il règne là une réminiscence anachronique de far-west. On pourrait entendre, au loin, le hennissement d’un cheval. (Photo prise, cet été, à la gare d’Orthez.)
Le point sur le i du lecteur
Albert Camus disait qu’un romancier doit toujours « être un peu en deça de l’expression ». Je ne suis pas romancier, mais je comprends ce qu’il veut dire. Il parle du petit espace qu’il convient de laisser au lecteur. Il évoque les i sans point que l’auteur doit lui offrir. Lector in fabula, a ensuite
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Atypique
Atypique. C’est le mot qu’ils emploient. Et même : tout-à-fait atypique. « Votre père a un profil de patient tout-à-fait atypique ». Les médecins ne comprennent pas comment il n’est pas encore mort. Un gros cancer tardivement détecté il y a douze semaines ; une insuffisance cardiaque grave compliquée d’œdèmes pulmonaires ; trois chocs septiques
Ötzi l’élégant
Monsieur Ötzi, mort il y a 5300 ans dans la montagne autrichienne d’une flèche tirée dans son dos, était un homme élégant. Il soignait ses tenues : jambières en cuir de chèvre, pagne en cuir de mouton, carquois à base de peau de chevreuil, lacets en peau de boeuf, manteau composée de cuirs de chèvre
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Grande échelle
Les pompiers et le Samu avaient décidé de la jouer grand spectacle. Une évacuation de Papa, avec perfusions et bonbonne d’oxygène, par la fenêtre de sa chambre, et une descente du quatrième étage au rez-de-chaussée par la grande échelle, sur un brancard suspendu dans le vide, façon monte-meubles, avant de filer vers l’hôpital. On vit
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Reste de vie
Il est dans son lit, très faible, il respire mal, il entend mal, il n’y voit plus. Ses quatre-vingt quinze ans l’écrasent, il se concentre sur son fragile reste de vie. Il ne souffre pas. Il attend. Quand je lui propose d’allumer la télévision : — Je suis presque aveugle, me dit-il. Ça ne sert
Des arbres aux yeux bleus
Elle a longtemps travaillé avec les Finlandais, et pour me décrire comment ils sont dans le boulot, elle emploie cette étrange image : « ce sont des arbres aux yeux bleus ». Ce qu’elle cherche à exprimer, c’est qu’elle les trouve en réalité assez insensibles et peu subtils. En leur attribuant un corps de bois,
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Monotonie automnale
Il faudra un jour, si ce n’est déjà fait, recenser tous les poèmes et chansons qui font rimer automne avec monotone. De la Chanson d’automne de Verlaine (Les sanglots longs / Des violons / De l’automne / Bercent mon coeur / D’une langueur / Monotone) à la Jolie môme de Ferré (T’es qu’une feuille /
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