Le fil des jours

Longtemps je me suis representé le temps à partir de formes géométriques souples. Pour les jours, la quinzaine constituait l’unité de base : un anneau allongé aux extrémités duquel se trouvaient les deux dimanches. Le lundi amorçait la portion de droite qui conduisait jusqu’au prochain weekend, puis on revenait avec la semaine suivante, comme dans […]

Jacques Prévert Il fut un temps où la cigarette se portait « au bec ». On la roulait, on la calait dans un coin de la bouche, on l’y laissait s’éteindre, et on la rallumait en prenant garde de ne pas se griller la moustache ou les poils du nez. On fumait et chiquait en

Charlotte est un prénom fort en usage chez les marchands de primeurs. Alors que j’achète des fraises, le commerçant s’enquiert : – Charlotte ? Gariguette ? Mara des bois ? Un instant plus tard, passé du côté légumes de son étal, je lui demande un kilo de pommes de terre. – Charlotte ? Roseval ?

C’est un Français dans la quarantaine. Il parcourt à vélo un pays lointain. Sur le bord de la route, une jeune fille lui dit – Hello ! en faisant un signe de la main. Elle est ravissante. Il tombe. Il tombe amoureux, en fait. Sous les égratignures, la blessure est profonde. Comme la plaie ne

Il arrive qu’avec ses lèvres – le frisson qu’elles tracent sur ma peau, les paroles qu’elles murmurent – elle me transporte au bord du monde. Tant l’air est soudain vaste et libre, je sais et ne sais plus où je suis : perdu mais à ma place, étendu et bienheureux. L’univers envoie de douces vagues

Un paon s’est posté dans un arbre, d’où il supervise les opérations du printemps : les fleurs qui brillent, les nappes sur les pelouses, l’intensité du bleu du ciel, la première cuisson des corps. Il contemple tout cela de l’air consciencieux d’un régisseur veillant sur son théâtre, satisfait de constater que ce jour-là tout fonctionne

C’était peut-être une parodie des Burgraves de Victor Hugo (à moins que ce n’ait été la pièce elle-même. Je ne sais. Le théâtre de Victor Hugo n’est pas tout-à-fait ma tasse de thé. Il se peut que je confonde.) Subsiste dans mon souvenir cette scène étrange : la grande salle d’un château est occupée par

Les statistiques de ma page Facebook sur La Fontaine / Brassens me laissent songeur. Bien que « mes fans » (je suppose que cela désigne ici les personnes ayant cliqué sur la mention “j’aime”) se répartissent principalement, comme on pouvait s’y attendre, entre femmes et hommes, l’addition des ces deux catégories ne représente néanmoins que

Delacroix, Socrate et son démon. Bibliothèque de l’Assemblée Nationale Longtemps, j’ai eu le sentiment de n’être jamais tout entier dans ce que je faisais ou disais. J’avais toujours l’impression qu’une petite part de moi s’était échappée et dansait au-dessus de ma tête, tout en pouffant de rire. C’était du temps où je menais une vie

J’ai appris l’existence et le triomphe médiatique de Conchita Wurst quasiment comme tout le monde : en lisant les journaux du lendemain. Et quand j’ai découvert sa photo, chimère frêle et barbue moulée dans son fourreau crème, j’ai pensé au mot nébuleux mais célèbre d’Aragon : « la femme est l’avenir de l’homme ». Soudain,