Combien de fois nous sommes-nous dit, en contemplant naguère le monde moderne dans sa course folle : — Il faudrait que ça s’arrête, nous fonçons droit dans le mur ?
Et voici que par la grâce d’un virus, la course, soudain, s’est arrêtée. Un calme massif, inattendu, s’installe autour de nous. Temps suspendu, air pur, silence. Nous sommes hébétés, surpris. Nous pourrions être émerveillés, car le moment est miraculeux, mais nous ne le sommes pas. Nous sommes inquiets. Ce calme étrange nous pèse.
Combien de temps peut vivre le hamster sans se remettre à tourner dans sa cage ?
“Arrêtez le monde, je veux descendre”: une petite Mafalda insolente s’insurgeait à la télé, à Buenos Aires. Souvenir lointain, dans le temps et dans l’espace. Tu me la rappelles aujourd’hui
Calme étrange relatif dans nos banlieues (en tout cas là où j’habite dans le 94) puisque seule une partie de la population respecte les ordres officiels. Les autres, principalement des “jeunes” continuent à organiser barbecues, regroupements où l’on se tape les mains selon un code bien établi tandis que les plus petits jouent au football et que les filles se tiennent alignées quatre par quatre en se tenant par les épaules… Un peu plus loin, quelques individus des quartiers pavillonnaires, masques bien présents, se dépêchent d’aller faire quelques courses de nécessité ou, comme moi, de promener rapidement (et à son grand déplaisir) mon chien. Deux mondes qui ne se télescopent pas mais baignent tous deux dans un risque viral certain. Pas vu – même de loin – la moindre voiture de police depuis plus d’un mois, au contraire des autos de particuliers, fort nombreuses.
“grâce d’un virus” ???
Il me plait de le voir ainsi ce matin. Mais on connait aussi la mauvaise grâce… 😉