Burkini

© Matt Kenyon / The Guardian

Tout le monde ayant donné son avis sur le burkini, j’aimerais pouvoir à mon tour donner le mien, mais je n’en ai pas. Je comprends tous les points de vue, je suis sensible à tous les arguments. Que chacun soit libre de s’habiller comme il veut ? J’en suis d’accord. Que le burkini marque la pudeur ? Sans doute. Qu’il est le signe d’une femme soumise ? Probablement. Qu’il renvoie à un Islam rigoriste ? Bien sûr. Radical ? Peut-être. Qu’il puisse donc être perçu, après les attentats qu’a connus la France, comme une forme de provocation ? Evidemment. Que la définition du trouble à l’ordre public ne saurait cependant varier d’une commune à l’autre, et que ce n’est donc pas à chaque maire d’en décider ? C’est clair. Qu’il est en tout état de cause ridicule d’envoyer quatre policiers faire se déshabiller une femme seule, comme si la décence consistait à se dévêtir ? Oui-da. Que néanmoins, compte-tenu des circonstances, les musulmanes pacifiques seraient mieux avisées de traiter leurs convictions religieuses comme leur corps, c’est-à-dire de les dissimuler autant que faire se peut ? Il me semble.

Cachez ce sein, ôtez ce voile : le débat est piégeux. Je pense à Montesquieu, et à ses Lettres Persanes, et à ce que son héros Usbek écrit de Paris à sa favorite qu’il a laissée, en compagnie de ses quatre autres épouses, cloîtrée à Ispahan et gardée par des eunuques : « Que vous êtes heureuse, Roxane, d’être dans le doux pays de Perse, et non pas dans ces climats empoisonnés où l’on ne connaît ni la pudeur ni la vertu ». L’ironie de Montesquieu se perçoit-elle encore, de nos jours ?

PS : pour ne pas oublier de sourire, voici l’image qu’un de mes amis américains a partagée sur Facebook :

© Haris Alisic