Travail d’artiste

Casanova raconte, dans ses Mémoires, qu’une de ses amies voulant faire la connaissance de Jean-Jacques Rousseau, ils étaient allés lui faire une visite à Montmorency « sous prétexte de lui donner de la musique à copier, besogne dont il s’occupait merveilleusement bien. On le payait le double de ce qu’on payait à tout autre copiste, mais il garantissait la parfaite exécution de l’ouvrage. Dans ce temps-là cet écrivain célèbre ne vivait que de cela.» (C’est moi qui souligne.) 

Lorsque j’ai l’occasion de discuter avec des jeunes qui envisagent de se lancer dans une carrière artistique, je leur conseille systématiquement de prévoir une activité parallèle pour gagner leur vie. Le XXè siècle en Europe et en Amérique, avec la mise en place du droit d’auteur et le développement concomitant de la culture comme marché de masse, a accrédité l’idée qu’il était naturel et légitime de vivre du produit de son art. Je crois que cette idée a du plomb dans l’aile. Les artistes des siècles plus anciens (mis à part peut-être les peintres) n’attribuaient qu’exceptionnellement une valeur marchande à leur œuvre. Ils écrivaient ou composaient sans attendre que cela constitue leur gagne-pain. Pour manger, ils s’en remettaient à des mécènes ou à des protecteurs, ou bien vivaient sur leur fortune personnelle, ou encore, comme Rousseau, exerçaient un métier à côté. Je suis d’avis qu’il faut se préparer à revenir, mutatis mutandis, à de telles situations.

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Olympiade de Pergolese copiée par JJ Rousseau

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