Tous penchés sur la terre

Quand j’ai écrit (dans ma chanson Où va le monde) : le futur autrefois était stable et lisible / tous penchés sur la terre, et la vie prévisible, j’avais en tête ce geste agricole immémorial, ce dos courbé de l’homme ou de la femme se livrant, à la main, génération après génération, aux travaux des champs.

Penchée © Julio Gonzalez3

© Julio Gonzalez

La posture est humble et digne. Quelque chose d’essentiel à la condition humaine s’y laisse voir, quelque chose que nous sommes en train de perdre : la relation patiente, fatiguante, généreuse qui unit l’homme et la terre. Le dur respect de celui-là pour celle-ci, des semailles à la récolte, jusqu’au pain, au vin, « fruits de la terre et du travail des hommes ». L’alliance vitale qu’ils nouent dans la promesse de la nourriture.

Je lis aussi, plus symboliquement, dans cette courbe du corps une ligne de vie. Nous venons de la terre, nos jambes en émergent, et nous y retournons. Homme, humilité, humus : trois mots d’une même famille.

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