J’avais douze ou treize ans. Je commençais à écouter presque tous les soirs le hit parade à la radio. Sunny afternoon est apparu dans le classement. Il est passé devant les Beatles (les Beatles avaient perpétuellement un titre dans le hit parade, leurs succès s’enchaînaient les uns aux autres mois après mois, c’était impressionnant).
J’ai tout de suite aimé cette chanson. Je ne comprenais pas grand chose aux paroles, qui me paraissaient totalement énigmatiques: un appel au secours, une girlfriend qui était partie avec la voiture, et une “big fat Mama trying to break me” dont je me demandais ce qu’elle pouvait avoir affaire avec cet après-midi d’été paisible et ensoleillé. Ça m’intriguait beaucoup, mais la musique était très bonne : un riff accrocheur en forme de descente chromatique, une ligne mélodique entraînante, intrinsèquement rythmée. Et quelque chose d’artificiel dans le son de la voix qui donnait une couleur très moderne à l’ensemble.
Si je devais garder cinq titres de la pop des années 60, Sunny afternoon serait probablement du nombre. Mais je n’ai pas l’esprit d’un “fan”. Les Kinks, je n’ai pas cherché à savoir qui ils étaient, ni de quoi ils avaient l’air, ni quels étaient leurs noms, ni ce qu’ils avaient écrit à côté. Cette chanson-là me suffisait. Bien qu’ils soient restés actifs pendant plus de trente ans, je ne connais rien d’autre d’eux.
Je partage entièrement ton analyse : moi aussi, j’ai aimé (et écoute encore de temps à autre) “Sunny Afternoon” ! Les années 60 ? Cinquante ans déjà ? Je n’avais pas intégré la notion que c’était si ancien… Comme quoi, le temps… (air connu)