Pylone

pylone.jpg

C’est un gigantesque hibou de métal, dressé vers le ciel, immobile, vaguement inquiétant. Il met dans les nues des couleurs électriques. Il attire la foudre et les hirondelles. On l’entend vaguement grésiller.

Autrefois, dans les années soixante, on était fier de lui. Il disait le développement, le progrès. Il hululait qu’on était moderne. Dans les paysages de l’époque, qui depuis tant de siècles étaient restés les mêmes, c’était lui désormais qu’on voulait voir. Mais les temps ont changé. Il s’est chargé de négatif. On ne le chasse pas encore, bien sûr, de nos campagnes, ce qu’il transporte nous est beaucoup trop nécessaire. Mais un jour, peut-être, on enfouiera la ligne, et on le démantèlera.

J’ai porté sur lui le même regard que mes contemporains: admiratif, au début, je me suis ensuite indigné de sa laide et agressive silhouette. La vie a passé. Il est toujours planté là-bas. Il s’y est, pour ainsi dire, fait sa place. Il y a longtemps que les oiseaux perchent sur ses hauts fils.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
cepheides

Certes ! Mais lui, au moins, il ne tue pas les oiseaux comme ces atroces éoliennes…