Premières scènes

J’ai commencé ma scolarité dans une école de filles, à Montrouge. J’avais quatre ans. C’était une institution religieuse, tenue par des bonnes sœurs. A part le fait que nous habitions Montrouge, j’ignore pourquoi je m’étais retrouvé là, je veux dire dans une école de filles où j’étais le seul garçon.

Les sœurs, en particulier une certaine sœur Paula, qui me faisait la classe, je me suis tout de suite senti bien avec elles. Comme j’apprenais vite et qu’elles me trouvaient charmant, je suis devenu leur coqueluche. Toutes fières de leur petit mâle, elles me montaient volontiers sur une table pour réciter une courte poésie ou chanter des comptines. Le public était uniquement composé de petites filles. Je n’étais pas intimidé. J’avais l’impression que tout le monde m’aimait.

De ces premiers contacts avec les autres, je garde une sensation de plénitude, de facilité, de douceur. Sans l’avoir cherché, et sans en tirer de vanité particulière, j’étais régulièrement mis en vedette. On me plaçait au centre d’une attention féminine et bienveillante: pour moi c’était l’ordre des choses, et j’en éprouvais – comment dire?- un plaisir naturel.

Voilà qui fournit sans doute une bonne raison intime au fait que j’aie souhaité, beaucoup plus tard, faire de la scène. Voilà aussi qui explique, accessoirement, pourquoi j’ai toujours trouvé aisée et plaisante la compagnie des femmes.

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