Zénon de Cition, qui fonda le stoïcisme, avait coutume de dire que si la nature nous avait donné deux oreilles et une seule langue, c’était pour pouvoir écouter davantage et parler moins.
Il convient d’examiner la question de la pilosité de nos organes à la lumière de cette citation. Avoir un cheveu sur la langue est en général plutôt un frein au bavardage. Le poil dans la main ralentit fortement l’activité. Selon cette logique, on doit conclure, comme je l’ai supposé, que les poils aux oreilles perturbent l’audition.
Notons qu’en nous dotant d’oreilles généralement glabres ou peu velues, la nature est ainsi cohérente avec elle-même. Il aurait été curieux qu’elle nous en fournisse à chacun une paire, tout en les affublant d’une toison qui en contrarierait le fonctionnement.
Cette fois, mon ami, vous frôlez la Correctionnelle! Qu’est-ce que c’est que cette histoire de paires et de toison? Croyez-vous que je nous entende pas venir? Bientôt, vous glisserez à d’autres
poils et d’autres fonctions au moyen d’une de ces références littéraires savantes dont vous nous rebattez les oreilles. Vous nous reparlerez, par exemple, de cette ingénue de Molière qui croyait
que les enfants se font par l’oreille. D’accord, de ouïr à jouir, il n’y a qu’un “j”, mais je n”ai aucune envie de jouer. A bon entendeur, salut…