Notre confrère Jacqueline

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L’Académie française vient de faire part du décès de sa doyenne, Jacqueline de Romilly. Or, curieusement, en cette occasion, les académiciens ont parlé de la disparition de leur… confrère.

Cela n’a pas échappé à mon ami Langlois. Il a pris son clavier, et écrit au Secrétariat perpétuel :

« J’ai été étonné à la lecture du faire-part par votre institution (paru notamment dans “Le Monde” daté du 22 décembre) relatif au décès de Jacqueline de Romilly. Le terme de “consoeur” m’aurait semblé préférable à celui de “confrère” que vous avez curieusement utilisé. Est-ce le résultat d’un négligent “copié-collé”, ou le signe d’un incorrigible machisme de l’Académie? A moins que le mot “confrère” ne soit le seul reconnu par les éminents rédacteurs du Dictionnaire… Merci de m’éclairer. »

La réponse est arrivée presque par retour de “mél” :

Monsieur,

        Comme vous le lirez dans notre dictionnaire en ligne ( www.academie-francaise.fr ), consœur a un sens plus restrictif en français puisqu’il sert uniquement pour le titre utilisé par les membres d’une profession libérale pour désigner une femme exerçant cette même profession, notamment pour s’adresser à elle.

        En revanche, confrère, certes de genre masculin, désigne toute personne qui fait partie d’un corps, d’une société religieuse, artistique, littéraire, etc. : et c’est bien en tant que membre de la Compagnie (et je ne ressens pas le besoin de dire “membresse” !) que Mme de Romilly a été honorée dans ce faire-part.

        Veillons à ce que notre esprit ne soit pas déformé par le “gender” anglo-saxon et à ne pas confondre le genre masculin-féminin-neutre de la langue et les sexes.

On est heureux d’avoir échappé à “membresse”, mais on est triste d’avoir perdu une grande dame, au regard bleu comme le ciel de l’Attique.

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