Le feu grégeois était une arme terrifiante, qui assura pendant plusieurs siècles la sécurité militaire de l’empire byzantin. C’était une sorte d’ancêtre du napalm, un mélange de salpêtre, de naphte, de soufre et de bitume, qui brûlait même dans l’eau. On le projetait sur les navires ennemis au moyen de tubes et de grenades, afin de les incendier. Sa composition était tenue secrète, et seul un personnel spécial était habilité à le fabriquer, dans des conditions drastiquement surveillées.
Au XIVè siècle, l’arrivée de la poudre à canon en périma l’utilisation. Puis ce fut la chute de Constantinople, et le feu grégeois fut perdu.
Trois cents ans plus tard, un joailler français du nom d’Antoine Dupré en retrouva par hasard la formule. Conscient de l’importance stratégique de sa découverte, il en informa le Roi. Louis XV était un esprit complexe. Il jugea que les effets terribles de cette arme n’étaient pas compatibles avec la pratique honorable de la guerre. Il offrit à Dupré une pension de deux mille livres pour garder le secret, et conserver le feu grégeois dans l’oubli. Puis il le fit surveiller pendant quelques années pour s’assurer que c’était bien le cas. Enfin, un jour de 1772, prématurément, Dupré mourut, sans qu’on sût ni comment ni de quoi.