C’est l’une des premières récitations que j’aie apprises par coeur. Elle s’appelait Liberté. L’auteur en était Maurice Carême, un poète belge contemporain, qui n’avait pas encore atteint la soixantaine à l’époque où j’étais en CM1.
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l’instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L’horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n’ont rien.
La liberté exaltée ici n’a pas grand chose à voir avec la liberté sociale ou politique. Elle est toute personnelle, et relève plutôt d’une révélation intime. Qui dira l’influence que les premiers apprentissages peuvent avoir sur les jeunes esprits ? J’ai l’impression aujourd’hui que ma vie a consisté à chercher ces « chemins si aériens », et à les emprunter, sans exaltation, mais tranquille et déterminé, lorsque, à trois ou quatre reprises, l’un d’eux s’est présenté à moi.
superbe photo pour accompagner ce poème d’espérance