Les trois moitiés de M. Thiers

Adolphe Thiers était un curieux bonhomme. Ce fut notre second Président de la République (après Louis-Napoléon Bonaparte, lequel s’était rapidement transformé en empereur). Sous le second Empire, il était le chef de l’opposition libérale. Puis, devenu chef de l’exécutif en 1871, il écrasa la Commune dans le sang. A cause de ce massacre, sa réputation historique est douteuse, voire détestable. Clémenceau a dit de lui : « Thiers, le type même du bourgeois cruel et borné qui s’enfonce sans broncher dans le sang ».

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Thiers Caricature d’André Gill

Sa vie privée était cependant amusante. Vers l’âge de trente ans, il rencontra une dame, mariée, avec qui il eut une liaison. Cette dame avait une fille aînée : il l’épousa dès qu’elle eut quinze ans. Elle avait aussi une fille cadette, qu’il ne tarda pas à mettre également dans son lit. Sans renoncer à la maman. Ainsi vécut-il, avec ces trois femmes, pendant plus de trente ans. Les chansonniers de l’époque parlaient des « trois moitiés de Monsieur Thiers ».

Dans un intéressant discours sur l’instruction primaire prononcé en 1849, Thiers affirmait : « Je veux rendre toute-puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir, et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : “Jouis” ». On voit que pour ce qui est de ne pas manquer d’air, les hommes politiques du XIXè siècle n’avaient rien à envier à certains de ceux d’aujourd’hui.

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