Le voile bleu

Je pense à nos amis d’Inoï avec qui nous étions il y a un an exactement, et à la session qu’ils tiennent en ce moment même, à laquelle, malheureusement, nous n’assistons pas. Je les salue tous ici fraternellement, particulièrement Maurice et Cécile, et je reproduis ici les quelques mots que l’expérience partagée avec eux m’avait inspirés, et que j’avais prononcés devant eux à voix haute, le huitième et dernier jour. Ce petit texte est intitulé : Le voile bleu.

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Vent, chaleur, cigales.

Au matin du premier jour, un nuage est resté accroché à la montagne. On ne voit pas le sommet. Le mystère est en place. Quand la montagne finalement se dévoile, au-dessus d’elle, un autre voile : bleu.

Combien de voiles me séparent ainsi de Lui, ou du meilleur de moi-même ? Combien de « koshas », de couvertures ? Cinq ? Sept ? Combien de dalles de pierre de combien de tonnes y a-t-il peut-être à soulever ?

Je suis venu ici, je crois, en paix. Par amour, par amitié, par curiosité. J’offrais ce séjour à Claudine, nous avons rencontré de très belles âmes. Pour moi aussi (surtout ?) ce séjour s’est révélé être un cadeau.

« Le salut n’est pas tant affaire de rédemption et de suivre la Loi, que de guérison de l’âme » (Saint Ephrem). C’est curieux – ou présomptueux – ou suis-je complètement aveugle ? Je me sens en accord avec moi-même. J’aime la vie, je crois savoir la savourer. J’arrive à vivre en paix dans le présent. Alors guérir… Guérir quoi ?

Je n’ai pas besoin de Dieu pour expliquer le monde. Le monde est. Je ne le comprends pas. Pourquoi inventer un Dieu que je ne comprends pas plus ?

Au contact de Claudine, je reçois quelque chose qui me dépasse. Je vois qu’elle vit quelquefois dans une dimension à laquelle je n’ai pas accès. Elle a ce cœur véhément et généreux à côté duquel le mien est un nain. Une lumière violente l’éclaire, comme parfois les ténèbres la traversent. Ce qu’elle vit me semble ardent, confus, mystérieux. Je suis à l’écart, et heureux qu’elle m’accepte à ses côtés. Tout cela m’éclaire, par intermittence, comme les reflets d’un phare.

Tout à l’heure, au moment de la prière universelle, j’aimerais avoir le courage de dire devant elle, et mes compagnons : « Je prie pour que Dieu existe ».

Au matin du huitième jour, au-dessus de nous, et en moi, un voile bleu.

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cecile

J’ouvre peu mon ordinateur en temps de session.juste coup d’oeil furtif et quelques messages de pensees cibles. J allais justement vous ecrire quelques mots.Jean Pierre et Claudine.Vos noms
reviennent souvent tout autant que vos visages.Plus qu’ une simple coincidence, mystere et grace de proximite au travers du voile bleu.
cecile