Le verbe des Fables

Prenons les Fables de La Fontaine, laissons-en un instant de côté la préface. Elles s’ouvrent sur une adresse à Monseigneur le Dauphin :

Je chante les héros dont Esope est le père

Puis c’est la première fable, la Cigale et la Fourmi :

La cigale ayant chanté / Tout l’été

Le premier verbe des Fables, leur action originelle, par deux fois, c’est : chanter.

Revenons à la préface. « A peine les Fables qu’on attribue à Esope virent-elles le jour, que Socrate trouva à propos de les habiller des livrées des Muses ». Il prit les textes d’Esope, et « employa à les mettre en vers (en musique) les derniers moments de sa vie ». C’est-à-dire, comme je l’ai déjà écrit, qu’il en a fait des chansons.

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© Delphine Courtois

Comme j’aime insérer des Fables dans mes concerts, cela m’incite à aller plus loin. Concevoir et écrire un spectacle où l’on passerait naturellement des fables à mes chansons, et vice versa.

J’y travaille… La difficulté, dans cette tâche, c’est que, par construction, elle me pose comme un égal de La Fontaine, car j’y mets mes ouvrages au même rang que les siens. J’ai l’impression en permanence de jouer à la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. Ce qui me fait cependant espérer que le projet peut aboutir, c’est la simplicité et le naturel de La Fontaine lui-même, « cet homme (comme dit Fénelon) à qui il a été donné de rendre la négligence même de l’art préférable à son poli le plus brillant ».

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