Le prix du gaz

J’ai payé récemment une facture de près de neuf cents euros en réglement de ma consommation de gaz de l’hiver. Je m’en suis acquitté auprès de GDF-Dolcevita (!), “une marque du Groupe GDF-Suez”, cette usine à gaz capitalistique et managériale dont on nous a il y a peu vendu la fusion au motif qu’un “champion national” de l’énergie était le meilleur garant de l’accès du consommateur à une énergie bon marché. Trois ans et 6 augmentations du prix du gaz plus tard, je félicite nos dirigeants pour cet objectif brillamment atteint.

prix_du_gaz.jpg

Au mois d’avril, une nouvelle augmentation des tarifs de 5,2% est entrée en vigueur. Pressentant peut-être un début de questionnement chez leurs clients, les braves gens de GDF-Dolcevita (re-!), qui me prennent (probablement à juste titre) pour un con, ont jugé utile de m’adresser quelques explications. Les voici, recopiées mot pour mot :

  • Le gaz et le pétrole sont généralement extraits des mêmes gisements, ils requièrent donc des infrastructures industrielles similaires.
  • Par ailleurs, les 2 énergies sont en concurrence directe pour de nombreux usages, si bien que si la demande s’accroît pour l’une, elle s’accroît également pour l’autre.
  • Pour que le gaz naturel soit une énergie compétitive pour le client final, son prix doit donc être indexé sur les prix du pétrole.

Je me permettrai de formuler les observations suivantes :

  1. sachant que le pétrole vient principalement du Moyen-Orient, et le gaz de Russie, je trouve géographiquement hardi d’affirmer qu’ils sont “extraits des mêmes gisements”.
  2. le raisonnement sur la concurrence revient à dire que si j’ai le choix, pour accompagner mon bifteck, entre des frites et des haricots verts, le fait de commander des frites accroît la demande de haricots verts. Là encore, c’est conceptuellement audacieux.
  3. si la demande de haricots verts s’accroît, le prix des haricots verts monte ; pour que les frites restent compétitives, leur prix doit donc être indexé sur celui des haricots verts. Et voilà ! CQFD. (L’important est que tout soit dit avec sérieux et aplomb. Admirez notamment l’emploi du donc).

Non contents de révolutionner la géographie, l’économie et la logique, nos amis de GDF-Dolcevita (!!!) s’attaquent aussi aux mathématiques, puisqu’ils écrivent :

Les tarifs réglementés du gaz naturel augmentent de 5.2 % en moyenne au 1er avril 2011 (…) Cette augmentation représente en moyenne 4.9 % pour un client utilisant le gaz naturel pour le chauffage.

Posons donc 5,2 = 4,9, il vient 52 = 49, d’où 52-49 = 0, d’où 3 = 0

Et voilà pourquoi votre fille est muette.

 

http://www.dolcevita.gazdefrance.fr/portailClients/client/c/2/offres_services/Facture_prix/N_actu_tarif/tarifs_gaz

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