On dit que la France compte autant de fromages que de jours de l’année. Négligeons les années bissextiles : cela fait 365.
Il y en a un 366ème. On l’affine à Neuilly, sur les bords de la Seine. Son appellation, dûment contrôlée, est : Sacem.
Il s’agit d’un fromage assez gros, de forme oblongue, au fond duquel s’est installé, comme le rat de la fable, un ermite qui occupe la fonction de président du directoire. Le salaire du saint homme est de 600 000 (six cent mille) euros annuels. En contrepartie de quoi ledit président oeuvre humblement à faire collecter les droits qui sont dûs aux auteurs de chansons. Il est juste de noter que, pour le même tarif, il prie aussi pour que leur montant ne diminue pas trop, il participe à quelques cérémonies où il loue le caractère sacré de la création artistique, et il représente dignement auprès des puissants de ce monde (ses frais de représentation lui étant remboursés) des artistes dont ses amis affirment que sans lui, ils seraient encore plus indigents qu’ils ne sont.
Ce fromage fait en effet saliver bien des artistes à qui il ne reste que des “miyettes”. Quant à celui qui préside le conseil d’administration de cette belle instance, le parolier qu’il fut doit se
dire: “faut faire avec”. Un jour peut-être osera t’il quand même poser la question au patron du directoire: “Et si tu n’existais pas…”
Encore un fromage qui pue…