© Mustafa Ali / SIPA
Le drame de la Syrie, c’est que le conflit actuel n’apparaît pas comme le combat des bons contre le méchant. Je dis ça vu de ma fenêtre. J’enregistre l’éternelle litanie: violence, vengeance, engrenage des abominations. La haine pure copule avec des calculs sordides. La sauvagerie se repait d’arrière-pensées glauques. Massacres tactiques, dévorations réciproques, victimes nauséabondes, blessures inguérissables. Les témoins rapportent tout ce qu’il faut, chaque jour, d’atrocités, et déclenchent dans l’opinion internationale, tour à tour et même simultanément, rage, menaces, impuissance, vociférations. « Ah ! Des armes chimiques ! Ça y est, on tient notre méchant !» Mais qui parle ? Dans quel but ? Quels sont vraiment les faits ? De quoi est-on sûr ? Qui croire ?
Un bubon est apparu sur la face de la terre des hommes, un chancre crachant son pus infecté. Ce n’est hélas pas le premier. Médecins et apprentis sorciers de tous poils se penchent sur le furoncle: frapper ici, inciser là. Les guérisseurs s’écharpent sur le diagnostic et le traitement. On trace des lignes rouges, qu’on déplace. On invoque justice, morale, ou realpolitik et gros sous. On triture l’abcès avec des principes souillés. On plonge dans la plaie de grosses mains sales.
Les bonnes volontés sont crucifiées.
Et les peuples, lâches et sages, optent pour ne rien faire.
A lire, cet article hallucinant de Francesca Borri, sur ce que c’est qu’être en Syrie pour témoigner.
Et dire qu’au départ, il n’y a probablement qu’un oléoduc que Saoudiens et Américains du nord veulent faire transiter par la Syrie… le tout débouchant sur une guerre de religions entre Chiites et Sunnites… Toujours des idées simples pour un Orient compliqué, comme disait un illustre homme d’État.