L’engagement en faveur d’une cause a assez souvent une face claire et une face obscure. J’observe en ce moment la polémique autour de ce Nantais d’origine algérienne qu’on accuse d’être polygame et dont les quatre “épouses” portent le niqab. Je suis sur ce sujet de l’avis de la plupart de mes compatriotes, et me réfère volontiers à Montaigne sur ces questions: “La règle des règles et générale loi des lois, c’est de respecter celles du lieu où l’on se trouve” (je cite de mémoire). La France est une République laïque, où les droits des femmes et des hommes sont exactement les mêmes. Pas de polygamie, pas de voile, en ce qu’il est symbole de soumission.
Mais je ne peux m’empêcher de penser que parmi ceux qui hurlent le plus fort, on trouve des personnes qui, inconsciemment au moins, envient ce qu’elles décrient, et y aspirent. J’en connais quelques-unes de sexe masculin qui émettent ou font suivre, via Internet, des libelles vengeurs et des montages photo haineux, au sujet de l’Islam principalement. Qu’est-ce qui les rend si hystériques? Je crains que ce ne soit la secrète admiration qu’ils éprouvent pour une forme de société où le pouvoir de l’homme est clair, son autorité indiscutée, et où l’organisation familiale et sociale, par la violente affirmation de ses valeurs, semble constituer un vrai rempart contre le “tout fout le camp” et le “n’importe quoi” de nos sociétés qu’on qualifiait naguère de libérales avancées. Il y a là une inavouable nostalgie, étreignant ces hommes souvent meurtris par la vie (perte d’emploi et de statut, divorce non souhaité…)
Ça me rappelle ce sénateur américain, fervent partisan d’une répression sévère contre la prostitution, qu’on a surpris un jour dans un bordel. Ou un de ses collègues, pourfendeur de la pédophilie, et trouvé en possession de milliers de clichés d’enfants sexuellement abusés.
Ou, plus simplement, le pompier fasciné par le feu.