Un ami journaliste (j’en ai quelques-uns, malgré ma piètre opinion du monde de l’information et des medias telle qu’elle transparait dans Fioul Lourd et d’autres chansons…) me dit :
– En ce moment, c’est dingue. Je rentre de Cannes, je vais partir en Afrique du Sud (je vais d’ailleurs sans doute devoir y aller deux fois), et entre temps, il y a Roland Garros !…
Il dit ça sérieusement, c’est-à-dire en affectant un certain détachement pour tempérer son enthousiasme. Il est fier d’être celui qu’on envoie là où ça se passe, il est content de vous le faire savoir, tout en prenant la moue de celui qui n’est pas dupe du système et de sa vanité.
Il y a quelque chose d’enfantin dans son expression, quelque chose de la joie d’un gamin qui reçoit cadeau sur cadeau: il appartient au cercle des happy few, il côtoie les grands de ce monde, leur parle, voyage avec eux. Mais à côté de cet éclat dans son regard, on peut aussi distinguer furtivement l’ombre d’une question, le reflet d’un doute. Ce n’est encore qu’un début d’interrogation qu’il refoule pour l’heure sans ménagement, mais qui tôt ou tard finira par s’épanouir : “Quand je raconte ça, au fond, est-ce que je ne risque pas aussi quelque part de passer pour un con?”