La chanson, rive droite

Sur sa rive droite, la chanson cherche à plaire, parce qu’elle se vend.

Elle s’inquiète beaucoup des tendances, des styles, des modes. Une saison, elle doit absolument “groover” comme ci, ou avoir un son comme ça. La saison suivante, si elle est restée la même, beurk !…

La chanson, rive droite, est un objet de commerce. Elle analyse la demande. Elle croit qu’il faut lui répondre. Elle est prise dans des rapides scintillants. Les courants sont vifs, multiples, ça va vite. Il faut que ça aille vite. Il faut que ça tourne. Flux tendus. Ça tangue, ça roule, ça clapote. Elle ne sait pas où elle va, encore moins d’où elle vient. Elle est mouillée, elle brille, elle brille parce qu’elle est mouillée. Elle participe à un wet t-shirt contest sonore (et de plus en plus visuel). Désirable, et compromise. A ce stade, elle est devenue une affaire trop sérieuse pour être confiée à un artiste. Elle est arrangée, maquillée, trafiquée, exposée. On investit sur elle. On la manage, on la promeut, on la tourne, on la “playliste”, on la matraque, on la compile, on la remixe, on l’exploite. Elle est un ingrédient du grand bazar médiatique capitaliste. 

La rive droite, comme la mer, a des reflets d’argent. Mais pas changeants. La rive droite est polluée par l’argent. La pollution par l’argent est étincelante et funeste. Les chansons qui passent là, portées par de rapides vedettes, le public les écoute, se trémousse encore sur elles, un temps, mais (signe terrible) ne les chante plus.

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