L’homme est un animal craintif. Globalement, il fait ce qu’on lui dit. Il n’est pas très difficile d’obtenir de lui qu’il se comporte comme on le souhaite. Il suffit de lui faire peur.
Ça commence très tôt, dès l’éducation. La fonction sociale des contes pour enfants, peuplés de loups (grands méchants), d’ogres et de sorcières, est de transmettre aux petits la frayeur du monde, et l’idée qu’en dehors du groupe auquel ils appartiennent, il n’y a ni protection ni salut.
Autrement dit, le danger commence dès qu’on s’écarte des normes. Restez tranquillement chez vous, à votre place, ne sortez pas des sentiers battus : il ne vous arrivera rien. Entend-on ce que cette expression véritablement signifie ? Il ne vous arrivera RIEN. La vie vide d’événements définie comme un idéal. Soyez sages, consommez ce qu’on vous propose, comportez-vous comme on vous l’a appris. Et alors, bonheur suprême, il ne vous arrivera rien.
Et si, quand même, cette peur de l’inconnu, était surtout due au fait qu’il semble être le seul animal à anticiper sa propre mort et donc à savoir ce qu’il a à perdre ? Ce qui contribue peut-être au renforcement de son instinct grégaire et hiérarchique… Les grands singes et, disons, les loups (mais il y en a beaucoup d’autres) ont en commun d’avoir un incontournable comportement de groupe et donc un besoin de normes. Quelle est la part de notre inné et de notre acquis ? Mais il s’agit là d’une autre question.