Foutre le camp

Arletty disait, paraît-il : « – Moi, je suis pour foutre le camp, dans la vie ».

Pas moi. Bien que j’aie, à plusieurs reprises, radicalement bifurqué dans mon existence, le fond de mon caractère incline plutôt à l’immobilité. J’ai une tendance à l’inertie. C’est assez paradoxal, vu les défis que je me suis lancés, mais je pense tout le temps à ces vers de Baudelaire : « l’homme ivre d’une ombre qui passe / porte toujours le châtiment / d’avoir voulu changer de place ».

Comme toute affirmation générale, celle-ci contient une part de vrai et une part de faux. Pour moi, je crois qu’en agissant comme je l’ai fait, un peu contre mes dispositions naturelles, tout se passe comme si j’avais cherché à conjurer la part de vérité qu’elle énonce, et cette sédentarité à laquelle elle semble vouloir m’assigner, comme un commandement, ou un mauvais sort. 

Les-hiboux-de-Baudelaire---Henry-Chapront.jpg

Les hiboux Lithographie d’Henry Chapront

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cafardages

une part de vrai, une part de faux, on en est tous là