Escalade est le titre d’un film dérangeant, réalisé par Charlotte Silvera. Craignant de ne pas avoir des notes assez bonnes aux épreuves du baccalauréat qu’ils viennent de passer, un groupe d’ados s’introduit chez leur proviseure (Carmen Maura), dans le but de lui extorquer quelques points supplémentaires pour leurs copies. L’affaire tournera à un dramatique huis clos nocturne, avec un suspense d’autant plus angoissant que le Mal se présente sous la figure de jeunes gens parfaitement normaux.
Ce film est sorti en salles mercredi dernier. Comme il n’est pas soutenu par une machine promotionnelle puissante, il risque malheureusement de ne pas y rester très longtemps. Allez le voir. Il dit quelque chose de très troublant sur la relation entre la jeunesse et la société d’aujourd’hui. En fait, il fournit une parfaite occasion de méditer sur cette phrase de Jaime Semprun : « Il ne faut pas s’inquiéter seulement du monde que nous laissons à nos enfants ; il faut aussi s’inquiéter des enfants que nous laissons au monde ».
Carmen Saura est magnifique en proviseur incorruptible face à ses élèves qu’elle tente de raisonner ; lorsque le piège se referme, c’est une femme seule qui parvient à dominer sa peur pour tenter
de sauver sa peau. Il y a des films divertissants, d’autres dont on peut aisément se passer et ceux à côté desquels on ne doit pas passer… Réalisé avec un réalisme et économie de moyens qui
servent son propos, Escalade est un film nécessaire sur le fond et juste dans la forme. Bravo !