Pierre Barouh est un homme délicieux que nous avons rencontré Claudine et moi le weekend dernier à Deauville. Deauville, je suppose qu’il en est citoyen d’honneur, depuis qu’il a écrit et chanté “Un homme et une femme”. Nous avons la chance de partager sa table. La conversation porte sur la naissance des chansons.
Il a écrit “A bicyclette” en souvenir des ballades à vélo de ses années d’enfance passées, pendant la guerre, dans le bocage vendéen. Il l’apporte à son ami Francis Lai, qui en compose la musique, puis en enregistre une maquette. Là-dessus, il part à Saint Paul de Vence. Il y rencontre Montand, lui fait écouter la maquette. Montand veut instantanément la chanson. Le temps de réécrire le dernier couplet, (qui racontait le retour sur les chemins de l’enfance, vingt ans plus tard, et que Montand trouvait un peu bateau), les voilà en studio : la Bicyclette est enregistrée.
Seulement, dans ce nouveau dernier couplet, Montand s’est trompé. Vous vous souvenez : les bons copains ont pédalé tout le jour avec la fille du facteur :
On revenait fourbus contents / Le coeur un peu vague pourtant / De n’être pas seul un instant / Avec Paulette.
Mais Montand chante De n’être pas un seul instant. Trop tard pour refaire la prise. La version originale sortira avec la faute. Dans toutes les autres versions (enregistrées en public), Montand rétablira “seul un instant”.