Sciences Po(rno)

Cinq étudiants (deux pour, deux contre et un animateur) font face à leurs camarades pour traiter du sujet, et tenter d’emporter leur adhésion. Parmi les “contre”, une grande jeune fille timide, fluette, plutôt BCBG,  argumente conventionnellement en faveur d’une réponse négative.

Comme il faut cependant exercer ces étudiants à la rhétorique, au bout de quelques minutes je leur demande de changer de point de vue. Les “pour” deviennent “contre”, les “contre” deviennent “pour”. Et là, prenant la parole en premier, j’entends la même qui dit:
– Bon, j’ai cru comprendre que Sciences-Po, dans son recrutement, prônait la diversité et l’ouverture. Alors pourquoi pas dans la programmation de son ciné-club? Va-t-on encore nous refaire le coup de “prout-prout ma chère Truffaut-Bergman”, ou va-t-on enfin s’intéresser aux films les plus regardés par les jeunes aujourd’hui? Et qu’on ne me dise pas que ce n’est pas de l’art. Il y a dans certains films porno beaucoup plus d’inventivité dans le maniement de la caméra que dans bien des films devant lesquels il est culturellement correct de s’extasier. Le ciné-club doit s’ouvrir sur son époque, et rendre compte de tous les genres de cinéma! On ne peut pas ne pas programmer de porno à Sciences-Po!

Applaudissements nourris du public. J’ignore si le débat se posera réellement dans la vraie vie, mais j’informe, par cet article, les responsables du ciné-club qu’ils auront peut-être prochainement à examiner la question.