Le Tour de France repart, et Lance Armstrong avec.
C’est intéressant: la lutte contre le dopage commence à ennuyer tout le monde. On veut moins chercher à savoir. On ne veut plus trop analyser les sécrétions des uns et les urines des autres. On veut moins remuer la merde. On veut du sport, et surtout, on veut du spectacle.
L’an dernier, juste avant les Jeux Olympiques, était paru un petit roman sur ce sujet. Ça s’appelait “Les Jeux Libres”. Devant l’ennui qui envahissait les stades, un homme d’affaires créait une compétition où les athlètes avaient toute liberté pour se préparer aux épreuves. Cachets, pilules, mais aussi os en titane et cellules souches remplissaient les sacs d’entraînement des nouveaux champions.
Le prologue de ce livre était une sorte de déclaration de principe:
A-t-on brûlé les livres de Francis Scott Fitzgerald, au prétexte qu’il était un grand amateur devant l’éternel de la dive bouteille ? A-t-on interdit les œuvres de Baudelaire, membre du Club des Haschischins, qui croyait dur comme fer qu’il avait besoin de drogue pour entrer dans la dimension artistique. Et les écrits d’Hemingway, Malraux ou Verlaine ont-ils été censurés en raison du penchant de leurs auteurs pour les psychotropes ou l’alcool ? Non, non et non ! On a laissé ces écrivains puiser dans ces substances les quelques molécules de génie qui leur ont permis d’entrer dans la légende.
Alors pourquoi refuser aux sportifs ce que l’on accorde aux artistes ? Pourquoi interdire une préparation optimale et scientifique des corps pour la compétition ? Au nom de quelle morale bannit-on les athlètes qui cherchent eux aussi le meilleur moyen d’atteindre la perfection dans leur discipline ?
L’action du livre se situait en 2024. Il semble qu’on y arrive plus tôt que prévu.