A la recherche du phrasé

Quand j’écoute aujourd’hui mon premier album, je me dis qu’il sonnerait très différemment aujourd’hui. Pas à cause du choix des chansons, mais dans les arrangements, les ambiances, et surtout dans ma façon de chanter. Ce n’est pas évident de trouver sa façon de chanter. Ça a été pour moi un long cheminement. Il a fallu que je me défasse d’habitudes et d’idées bien arrêtées, comme cette obligation que je m’imposais de respecter la langue, en faisant entendre les liaisons et en marquant tous les pieds de chaque vers. Et que je prenne également conscience de la part de mimétisme qu’il y avait dans ma voix. On le remarque surtout quand on chante les chansons des autres: on a tendance à chanter du Brassens comme Brassens, du Trénet comme Trénet.


Un jour quelqu’un m’a conseillé de reprendre toutes les chansons que j’aimais. Toutes, quel que soit leur style: de Françoise Hardy à Ella Fitzgerald, des Beatles à Björk. Et de les chanter non pas comme je croyais qu’il fallait les chanter, ni même comme j’avais envie de les chanter, mais comme je les aurais chantées naturellement, au plus près de l’émotion qu’elles me procuraient, au plus près de moi, en oubliant tout le reste. De cet exercice a émergé peu à peu ma manière spécifique de modeler les mots : mon phrasé. Et ce phrasé est devenu un élément musical en lui-même, autour duquel et par lequel se met en place la musicalité particulière de mes chansons.

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