Obama et l’héritage de 1968

Tout le monde connaît cette photo:

Tommie Smith, et John Carlos. Octobre 1968. Finale du 200 mètres des JO de Mexico. Deux américains noirs montent sur le podium. On leur remet leurs médailles: l’or, le bronze. Pendant l’hymne américain, ils baissent la tête, et lèvent le poing. Scandale. Ils sont exclus des jeux.

En 1968, le combat pour les droits civiques n’est pas encore gagné. En 1968, sont assassinés Martin Luther King et Robert Kennedy. En 1968, la guerre du Vietnam s’intensifie, comme s’intensifient partout dans le monde les mouvements de protestation.

Certains, qui parlent de liquider l’héritage de mai 1968, ne parlent pas j’espère de liquider aussi celui d’octobre. Parce que sans ce geste-là, il aurait peut-être fallu attendre beaucoup plus de quarante ans pour qu’un Obama soit élu Président des Etats-Unis d’Amérique.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
jacques langlois

Comme tous ceux qui sont assez vieux pour avoir connu l’époque de la ségrégation aux Etats-Unis ou de l’apartheid en Afrique du Sud et pour avoir vu au mur de la classe une carte Vidal-Lablache montrant notre Empire colonial, je me réjouis bien sûr de l’élection d’un non-blanc à la Présidence… Mais, par delà le symbole( l’élection d’Hillary Clinton en eût constitué un autre, peut-être plus fondamental), je me garde de tomber dans l’obamania ambiante. Au contraire de BHL, ex-“nouveau philosophe” et ex-gravure de mode, j’espère surtout que BHO ne sera pas un nouveau Kennedy, dont le vrai bilan (politique, économique, …)avec le recul n’a rien à voir avec le mythe entretenu par des intellectuels à la cervelle de midinettes. Plus généralement, je suis sidéré par le battage médiatique autour de l’élection américaine, qui ne désigne plus vraiment le maître du monde à l’heure où l’ère de l’hyperpuissance des USA entame un irréversible déclin face à la montée de la Chine, de l’Inde et au retour de la Russie. La complaisance européenne – et notamment française, qui, il y a quatre ans, n’en avait que pour Kerry ( un lointain cousin de Brice Lalonde, une référence!)- a un côté servile qui me gêne. D’autant que je ne vois guère de différences pour nos propres intérêts dans les politiques suivies par les différents présidents américains depuis cinquante ans, éléphants ou ânes (…souvent les deux!). Bref je jugerai le nouveau Président sur pièces. Après tout, le nom d’Obama se lit “amabo” à l’envers.