Le naufrage du Vasa

Restons en Suède.

Le 10 août 1628, le Vasa, le plus gros navire de guerre jamais construit dans la Baltique, appareille pour son voyage inaugural. Il n’est pas encore sorti du port de Stockholm qu’il sombre, alors que le temps est beau et le vent léger.

La Suède perd ainsi lamentablement ce qui devait être le plus beau fleuron de sa marine. Le pays est humilié, et le roi furieux. Gustave II Adolphe nomme une commission d’enquête, dont les travaux mettent en évidence un défaut majeur de conception du navire : trop haut sur l’eau, pas assez de ballast. Une risée suffit à le faire chavirer : après quoi l’eau entra par les sabords, provoquant le naufrage.

Gustave II Adolphe

Les plans initiaux du constructeur étaient pourtant conformes aux règles de l’art. Seulement, alors que la coque du Vasa était presque achevée, la nouvelle était parvenue que les Danois armaient un vaisseau avec deux batteries de canons, sur deux ponts superposés. Sur le Vasa, il n’en était prévu qu’une. Le roi exigea qu’on en ajoutât une seconde. Il aurait fallu remettre la coque en chantier. Il refusa : trop de temps allait être perdu.

La commission, embarrassée comme on l’imagine, remit prudemment ses conclusions, qui, à mots couverts, suggérèrent ce que chacun savait déjà : aucun des exécutants n’était réellement en cause, c’était au roi lui-même qu’incombait la responsabilité du désastre. Finalement, personne ne fut puni.

Honni soit Gustave Adolphe d’avoir usé d’autorité pour imposer des décisions ayant conduit à une catastrophe. Loué soit-il de n’avoir pas usé de cette même autorité pour tenter de faire payer sa faute par un lampiste.


Le Vasa fut renfloué à la fin des années cinquante. Il est aujourd’hui exposé dans son propre musée, c’est une visite fascinante, et c’est d’ailleurs le musée le plus fréquenté de Stockholm.

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jacques langlois

On n’ose imaginer ce qui serait resté de ce navire, redessiné sur l’ordre du roi, s’il avait rencontré l’ouragan portant aussi le nom de Gustav qui ravage en ce moment l’Atlantique! Cette histoire prouve en tout cas que l’architecture navale n’est pas un simple jeu de cubes superposés: autrement dit, il ne faut pas confondre Vasa-roulis avec Vasarely.

Fabien

Merci, c’était une visite très agréable. Bonne continuation et bonne journée.

Fabien.