Tambour de ville

Je mesure que j’atteins un âge respectable au fait que j’ai connu, enfant, un tambour de ville. De village, plus exactement, puisque cela se passait dans le village natal de mon grand-père, à Amou, en Chalosse, dans les Landes.

La fonction de crieur public était dévolue au garde-champêtre, Monsieur Baudel, par ailleurs cordonnier. Lorsqu’il devait faire une annonce, il parcourait les rues du bourg sur son vélo, avec un petit tambour qu’il portait en bandoulière. Cet instrument était muni d’un ingénieux dispositif à manivelle auquel était accrochées les baguettes, si bien que le roulement du tambour était obtenu en en tournant simplement la poignée.

La vie du village était paisible, les annonces étaient rares. Cependant, presque tous les vendredis matin, on entendait rouler le tambour. Monsieur Baudel, à chaque croisement de rues, répandait une information dont je me souviens encore par cœur :

« Avis à la population !
Ce matin, vente de jolis thons, merlus, merluchons, et sardines fraîches, chez Monsieur Dabadie ! »

Si nous avions été sages, avec mon frère et ma sœur, nous avions le droit d’aller lui demander de tourner la manivelle.

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jacques langlois

Moi aussi, j’ai connu enfant un garde champêtre tambourinant. Le mien s’appelait Jules Dubecq et officiait à Serbonnes, un petit village au bord de l’Yonne, berceau de ma famille maternelle. à cent km de Paris. Lui maniait vraiment les baguettes, qu’il sortait de leur rangement sur la bandoulière d’un vrai tambour (dont il jouait aussi au 14 juillet et au 11 novembre au sein de la clique municipale pour l’inévitable sonnerie aux morts) : le vigoureux roulement annonciateur faisait sortir de chez eux femmes et enfants attentifsà l’annonce commençant immuablement par la phrase rituelle: “Le maire informe les habitants…” Chaque fois que je le rencontrais, il me posait la même question étrange: “Alors, tu ne fais plus du charme?” Ma mère m’avait expliqué que, tout petit, j’avais l’habitude de faire des clins d’oeil à tous ceux (et celles, j’espère) qui se penchaient sur moi! Que n’ai-je gardé cette heureuse tentative de séduction quand je fus en âge d’en tirer profit? Quand il est mort, j’ai eu l’impression de perdre un vieux parent. Après lui, la modernité a atteint le village et son successeur était muni d’un porte-voix…Aujourd’hui, les avis à la population ne sont plus accessibles que sur les panneaux municipaux. J’espère que les destinataires savent tous lire…

J.A.D.

C’est vrai
‘mais il manque le son..qui mettait sur le pas de leur porte mère ou grand-mère et surtout l’ACCENT…….