Tintin et le Tibet

Nous autres Européens manifestons une sensibilité particulière à l’égard de la situation au Tibet.

Je me demande quelle est la part de Tintin là-dedans. Je crois qu’elle est considérable.

Certes, les Tibétains sont un peuple sympathique. Certes, le Dalaï lama est un homme admirable. Mais Tintin, mais l’enfance, mais la part de rêve et de pureté que ces sommets enneigés ont cristallisée en nous ?

© Hergé Moulinsart
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Jacques LANGLOIS

Il est assez paradoxal que cet album de “Tintin au Tibet” apparaisse comme l’une des explications de la sympathie européenne pour la cause tibétaine. Car, au contraire du “Lotus Bleu” dans lequel Hergé prenait en 1935 fait et cause pour la lutte des Chinois contre l’invasion japonaise sous l’oeil complice des puissances occidentales, son récit tibétain ne porte aucune trace des événements contemporains à son élaboration en 1958-1959. Cette histoire du sauvetage de Tchang des mains d’un yéti pas du tout “abominable homme des neiges” est déconnectée de la répression chinoise du soulèvement tibétain, qui entraîna à cette époque l’exil du dalaï lama. A croire qu’Hergé n’y vit alors (ou ne voulut y voir) que du blanc!
C’est bien après qu’Hergé s’intéressa au tao et c’est après sa mort que sa veuve, convertie comme son second mari au bouddhisme, engagea des actions en faveur du dalaï lama, avec notamment l’exposition militante “Au Tibet avec Tintin” présentée en 94 à Bruxelles et à Paris, sous le patronage notamment d’un certain Michel Serres (au grand dam de mon ami Tchang, celui qui inspira le personnage du “Lotus” et du “Tibet”, qui me dit ne pas comprendre cette exposition puisqu’à ses yeux de “bon Chinois” le Tibet était sans discussion possible chinois!). En 2001 parut la première édition officielle des albums en chinois. Quand la Fondation Hergé réalisa que l’album qui nous occupe était publié sous le titre de “Tintin au Tibet chinois”, elle protesta officiellement et obtint le rétablissement du titre original. Et en 2006, Fanny Rodwell, en sa qualité de présidente de la Fondation Hergé, reçut des mains du dalaï lama le prix “Light of Truth” pour services rendus à la cause.
Mais cet engagement , encore une fois, est bien postérieur à la parution du fameux “Tintin au Tibet” et reste ignoré de la plupart de ses lecteurs, qui se comptent par millions.
Pour autant , à tort ou à raison, Tintin apparaît aujourd’hui comme l'”agent du dalaï lama”, pour reprendre l’expression de Pierre Assouline sur son blog (“La République des livres” , chronique du 28 mars dernier http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/03/28/tintin-agent-du-dalai-lama/). Il suffisait d’entendre ce matin Jean-Luc Mélenchon chez Elkabach sur Europe1, qui, fustigeant les pro-tibétains, les compara par trois fois au reprter belge!