J’ai arrêté d’écrire des chansons. Ne me demandez pas pourquoi : manque d’envie, impression de tourner en rond… La dernière, restée à l’état de brouillon, date d’il y a trois ans. Je l’avais intitulée Trop, ou l’état du monde. La voici, dans une version provisoire, telle que je l’ai retrouvée dans la mémoire de mon ordinateur. Je m’en vais la remettre sur le métier.
Trop d’affirmations
Pas assez de doutes
Trop de confusion
Pas assez d’écoute
Trop d’exclamations
Pas assez de phrases
Trop d’excitations
Pas assez d’extases
Trop de performances
Pas assez d’exploits
Trop d’indifférence
Pas assez de joie
Trop de philosophes
Pas assez de sages
Trop de petits profs
Pas assez de mages
Trop de militants
Pas assez de causes
Trop de stupéfiants
Pas assez de doses
Trop de jambes en l’air
Pas assez de danse
Trop de sanitaire
Pas assez d’aisance
Trop de confinés
Pas assez d’ermites
Trop d’inachevé
Pas assez de suites
Trop de bords de mer
Pas assez de voiles
Trop de réverbères
Pas assez d’étoiles
Trop de gueule de bois
Pas assez d’ivresse
Trop de pisse-froid
Pas assez de liesse
Trop de bateleurs
Pas assez de tours
Trop de séducteurs
Pas assez d’amour
Trop d’écrivassiers
Pas assez de lettres
Trop de retraités
Pas assez d’ancêtres
Trop de sécateurs
Pas assez de nouilles
Trop de dépendeurs
Pas assez d’andouilles
Trop de rigolade
Pas assez d’esprit
Trop de jérémiades
Pas assez de cris
Trop de compagnie
Pas assez d’ambiance
Trop d’ontologie
Pas assez d’essence
Trop de pain perdu
Pas assez de quiches
Trop de pieds au cul
Pas assez de miches
Trop de p’tit’ semaine
Pas assez de flouze
Trop de businessmen
Pas assez de blues
Trop de rabat-joie
Pas assez d’artistes
Trop de quatre voies
Pas assez de pistes
Trop de Saharas
Pas assez de dunes
Trop qui voient mon doigt
Pas assez la lune
Trop de négociants
Pas assez d’oisifs
Trop d’accablement
Pas assez de kif
Trop de techniciens
Pas assez de zouaves
Trop de batraciens
Pas assez de bave
Trop de matamores
Pas assez de lâches
Trop de matadors
Pas assez de vaches
Trop de satellites
Pas assez d’ovnis
Trop de terabits
Pas assez d’oubli
Trop de pétroliers
Pas assez de jonques
Trop de vous croyez ?
Pas assez de donc
Trop de conjectures
Pas assez d’idées
Trop de sang impur
Pas assez de paix